Appareils auditifs numériques
Environ 40 % de la population âgée de 55 à 74 ans souffre de troubles de l’audition. Malgré l’impact négatif de ce handicap sur leur qualité de vie et celle de leurs proches, seuls 20 % d’entre eux sont appareillés. Selon une analyse de 2013, la raison principale réside dans le manque d’efficacité des appareils.
Il est intéressant de noter que ces résultats reflètent ceux d’études réalisées à la fin du XXe siècle, ce qui implique que l’arrivée des appareils auditifs numériques n’a eu aucun effet positif sur la popularité de cette technologie. Les appareils auditifs se composent d’une pile, d’un microphone, d’un amplificateur et d’un écouteur. Les prothèses électriques plus petites comportent également une micropuce.
Dans les pays les plus pauvres, le coût du dispositif est l’obstacle principal, qu’il concerne l’appareil en lui-même ou les piles, qui doivent être souvent changées. Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de troubles de l’audition, et pourtant, selon l’Organisation mondiale de la Santé, seul un cinquième d’entre eux est équipé d’appareils auditifs.
Cornets et tubes acoustiques
À partir du XVIIe siècle, différents types d’instruments auditifs non électriques ont été conçus, selon divers principes sonores. Parmi les dispositifs les plus notables figuraient les cornets et les tubes acoustiques.
Le cornet acoustique laissait entrer le son par un tube métallique en forme d’entonnoir. Il était ensuite diffusé par une plus petite ouverture insérée dans l’oreille de l’auditeur. L’une des extrémités des cornets était souvent légèrement courbée, afin de pouvoir capter la source sonore plus facilement. Pour faciliter le transport, certains modèles étaient également démontables.
Le tube acoustique, quant à lui, se composait d’un conduit flexible relié à un embout à forme d’entonnoir d’un côté, dans lequel le locuteur pouvait parler, tandis que l’autre côté du tube s’insérait dans l’oreille de l’auditeur.
Dispositifs auditifs fixes
Les cornets et les tubes acoustiques étaient aussi réunis dans les dispositifs auditifs fixes, tels que le fauteuil acoustique : les grands cornets disposés de chaque côté du siège amplifiaient le son et le diffusaient dans des conduits flexibles placés dans les oreilles de l’auditeur.
Des technologies de même nature pouvaient également se dissimuler dans des objets divers, tels que des vases, ce qui était utile lorsque plusieurs orateurs et auditeurs se trouvaient rassemblés autour d’une table. Avant l’apparition du téléphone, les tubes acoustiques étaient également utilisés par les personnes entendantes pour communiquer entre les étages d’un bâtiment ou d’un navire.
Amplification sonore
Selon des comparaisons effectuées à la fin du XXe siècle, ces instruments sont plus efficaces que les appareils auditifs sophistiqués auxquels nous avons recours aujourd’hui. Les cornets et les tubes acoustiques ne se contentaient pas d’amplifier les sons de 10 à 25 décibels, ils atténuaient également les bruits parasites, ce qui améliorait davantage leur efficacité. En outre, le tube acoustique limitait le bruit qui aurait pu gêner l’orateur et l’auditeur.
Autre point positif : les deux instruments étaient visibles et indiquaient au locuteur qu’il devait parler moins vite et de manière distincte. Cependant, cette visibilité pouvait être mal perçue. En effet, l’apparence des dispositifs auditifs non électriques est bien souvent ridicule, malgré leur efficacité.
Cette raison explique la nouvelle tournure dans le développement des appareils auditifs à partir du XIXe siècle. Les cornets et les tubes sont désormais beaucoup plus petits afin d’être dissimulés dans les vêtements et les accessoires.
Fierté
Les modèles les plus populaires étaient ceux présentés sous la forme de serre-têtes, avec de petits cornets placés derrière les oreilles, qui se glissaient habilement sous des chapeaux, des perruques, ou se fondaient dans les barbes et les foulards. En prime, ces appareils pouvaient être utilisés sans intervention manuelle. Malheureusement, ils avaient des résultats nettement inférieurs à ceux des modèles plus anciens, et pouvaient même parfois nuire à l’audition.
Cela n’a pas empêché la nouvelle mode de s’imposer. Depuis le XIXe siècle, on ne choisit plus ses appareils auditifs pour leur efficacité, mais pour leur discrétion et leur petite taille. Néanmoins, quiconque parvient à ravaler sa fierté peut revenir à une technologie qui a fait ses preuves.
Retrouvez une vaste collection d’images illustrant des appareils auditifs non électriques : Bernard Becker Medical Library Image Gallery (archives).
Sources
- “Non-electric aids to hearing: a short history” (“Les appareils auditifs non électriques : une brève histoire”), S.D.G. Stephens & J.C. Goodwin, in Audiology 23: 215-240, 1984. Le document est disponible en ligne dans sa version intégrale, mais il est impossible d’y accéder par le biais d’un lien direct.
- “Conceiled hearing aids of the 19th century” (“Les méthodes de dissimulation des dispositifs auditifs au XIXe siècle”)](http://beckerexhibits.wustl.edu/did/19thcent/index.htm), Deafness in Disguise, Washington University School of Medicine.
- “Why do people with hearing aids do not wear them?” (“Pourquoi les personnes appareillées ne portent-elles pas leurs prothèses ?”) Abby McCormack & Heather Fortnum, International Journal of Audiology, Volume 52, 5ème numéro, 2013.