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Les bains publics, un luxe partagé

Tout au long de l’Histoire, les gens se sont baignés en public plutôt qu’en privé. Devrions-nous rétablir les bains publics pour des raisons de durabilité ?

Image : Bains publics construits au-dessus d’une source chaude, Taïwan. Photo datant du début du XXe siècle, domaine public.
Image : Bains publics construits au-dessus d’une source chaude, Taïwan. Photo datant du début du XXe siècle, domaine public.
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Pas d’eau courante à domicile

Dans les sociétés industrielles, peu d’activités exigent autant d’intimité que le lavage et les soins corporels. Nous le faisons généralement seuls, dans nos salles de bains privatives, portes fermées à clé. Dans le passé, ce n’était pas la norme. Se baigner en présence d’autres personnes était la règle plutôt que l’exception. Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, de nombreux foyers, même dans les sociétés les plus modernes, ne disposaient pas d’eau courante… Et encore moins d’une salle de bains privative. 1

Une salle de bains nécessite une alimentation en eau domestique, mais aussi une évacuation des eaux usées et une source d’énergie pour chauffer l’eau. Bien sûr, il est possible de prendre un bain chaud chez soi sans ces infrastructures. Depuis l’Antiquité, les plus riches ont construit des bains privatifs dans leurs maisons. Le plus souvent, ils pouvaient le faire parce que des personnes moins aisées – serviteurs ou esclaves – remplissaient et vidaient leurs baignoires avec des seaux d’eau et ramassaient du bois pour les chauffer.

Cependant, il était généralement plus pratique d’aller à l’eau au lieu de la faire venir. Certains se baignaient dans une rivière, un lac ou une source. D’autres, surtout en milieu urbain, se rendaient aux bains publics.

Image : Bains à Aix-la-Chapelle, Allemagne, par Jan Luyken, 1682.
Image : Bains à Aix-la-Chapelle, Allemagne, par Jan Luyken, 1682.
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Les bains sont-ils non durables ?

Les pratiques modernes de bain sont un exemple typique de mode de vie non durable, reposant sur les énergies fossiles. La production d’eau chaude représente la deuxième plus grande consommation d’énergie dans de nombreux foyers (après le chauffage et/ou la climatisation), et une grande partie de cette eau est utilisée pour les bains ou les douches. 2 La salle de bains moderne consomme également beaucoup d’eau et ajoute une consommation d’énergie supplémentaire par le chauffage de l’espace et le traitement des eaux usées. La construction et la rénovation des salles de bains nécessitent également des ressources.

Les défenseurs de la durabilité suivent deux stratégies pour résoudre ces problèmes. La première stratégie se concentre sur des solutions technologiques, telles que les pommeaux de douche à faible débit, les chauffe-eau alimentés par des capteurs solaires, les systèmes de récupération de chaleur des eaux usées et le recyclage des eaux grises. La deuxième stratégie repose sur des changements comportementaux ou sociaux en remettant en question les normes modernes de propreté et de confort : prendre des bains ou des douches plus courts et moins fréquents, prendre des douches froides ou se laver rapidement au lavabo. 23

Il est peu probable que ces stratégies donnent des résultats significatifs. De nombreuses solutions technologiques sont difficiles, voire impossibles à installer dans les bâtiments existants, surtout en milieu urbain. Par exemple, plus le nombre d’étages augmente, moins il y a de place sur le toit pour installer des panneaux solaires pour tous les résidents. D’un autre côté, présenter l’inconfort comme un sacrifice nécessaire pour la durabilité risque de ne pas encourager une adoption plus large des pratiques écologiques. 34

Le bain public permet de dissocier plus facilement les pratiques de bain des énergies fossiles.

Le bain public pourrait être une troisième piste, mais elle est rarement évoquée. C’est d’autant plus surprenant que, sur le plan de l’efficacité des ressources, il est difficile de faire mieux. Construire et exploiter un bain public pour 1 000 personnes nécessite beaucoup moins d’énergie que de construire et exploiter 1 000 salles de bains individuelles. Un bain public est également plus efficace en termes de matériaux, d’argent et d’espace. 5

Tout aussi important, le bain public facilite l’application des technologies durables mentionnées précédemment. Cela réduit encore la consommation d’énergie et permet de dissocier les pratiques de bain des énergies fossiles. Enfin, un bain public peut améliorer considérablement la durabilité sans encourager l’inconfort. Au contraire, mutualiser les ressources pour construire quelque chose pour une communauté plutôt que pour chaque foyer individuellement permet d’atteindre un niveau élevé de luxe durable. C’est peut-être plus vendeur que des douches froides.

Image : Bains publics de Dunkerque, France, ouverts en 1897.
Image : Bains publics de Dunkerque, France, ouverts en 1897.
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Bains dans les rivières, les lacs et les sources thermales

La nature a fourni à l’homme des moyens de se baigner tels que des ruisseaux, des rivières, des piscines naturelles, des lacs, des cascades ou la pluie. Pendant longtemps, l’humanité a vécu en Afrique tropicale, où il n’était pas nécessaire de chauffer l’eau artificiellement pour se baigner confortablement. Lorsque nous nous sommes déplacés vers des climats plus froids, la nature nous a offert une autre solution : les sources d’eau chaude. Des dizaines de milliers de sources thermales existent à travers le monde. Seuls quelques pays en sont encore totalement dépourvus. 67

Se baigner dans des sources d’eau chaude était une pratique courante dans les civilisations anciennes du monde entier. Cependant, cette pratique remonte à une époque encore plus lointaine. Des preuves archéologiques montrent abondamment que de nombreuses colonies préhistoriques se sont établies près de sources d’eau chaude 68. Il est impossible de prouver de manière irréfutable que les gens utilisaient ces eaux pour se baigner, mais pourquoi ne le feraient-ils pas, surtout dans les régions froides ? 9

On appréciait déjà les bains chauds bien avant l’invention de l’écriture.

Le bain moderne consomme des énergies fossiles, mais ce n’était pas toujours le cas dans le passé, où des pratiques plus écologiques existaient. Dans le cas des sources thermales, l’ensemble de l’infrastructure et du fonctionnement – approvisionnement en eau, drainage et source de chaleur – est déjà en place.

Nos ancêtres ont également inventé le bain de vapeur ou hammam pour profiter de l’eau froide en toutes saisons et sous tous les climats. Plutôt que de chauffer l’eau, ils chauffaient les personnes afin qu’elles puissent se baigner confortablement dans l’eau froide. Les premières huttes de vapeur, datant de la préhistoire, n’étaient guère plus que de petites cabanes en rondins ou des structures en forme de tente recouvertes de couvertures en laine ou de peaux. 10111213

Peinture : Baignade, huile sur toile, Paul Gauguin, 1886.
Peinture : Baignade, huile sur toile, Paul Gauguin, 1886.
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La naissance des bains publics

Les bains artificiels en brique ou en pierre sont apparus il y a environ 4 000 ans. 14 Ils pouvaient être des piscines en plein air, des bains publics ou des salles de bains privatives. De nombreuses piscines et bains publics ont été construits au-dessus de sources chaudes naturelles, modifiant l’environnement naturel pour le rendre plus pratique, sûr et attrayant. 68 Les gens ont également commencé à détourner l’eau vers des bains urbains en utilisant des canaux, des tuyaux et des aqueducs. Ils ont commencé à construire des bains utilisant de l’eau chauffée artificiellement.

Les anciens Romains sont les plus célèbres pour leurs bains publics, bien qu’ils se soient beaucoup inspirés des anciens Grecs. Les bains grecs comprenaient des salles avec des baignoires individuelles contre les murs. Les baigneurs, assis bien droit, se versaient de l’eau chaude sur eux-mêmes ou faisaient faire cela par un serviteur. En revanche, les Romains partageaient l’eau dans de grandes baignoires ou piscines. Tous deux utilisaient également des bains de vapeur. 15161718

À l’apogée de l’Empire, la ville de Rome comptait à elle seule environ 1 000 bains publics pour une population d’environ 1 million d’habitants, soit un établissement de bains pour 1 000 personnes. 819 Les bains publics les plus importants étaient les “thermes”, qui pouvaient accueillir jusqu’à plusieurs milliers de personnes en même temps. Ces installations, présentes uniquement dans les plus grandes villes, étaient richement décorées de mosaïques, de piscines et de sols en marbre, de colonnes de granit et de statues. Cependant, la plupart des bains romains étaient des bains de quartier plus petits appelés « balnea ». 15

Image : Coupe transversale des thermes de Dioclétien par l’architecte français Edmond Paulin, 1880. Ce complexe de bains était le plus grand de la Rome antique, avec une capacité de plus de 3 000 personnes.
Image : Coupe transversale des thermes de Dioclétien par l’architecte français Edmond Paulin, 1880. Ce complexe de bains était le plus grand de la Rome antique, avec une capacité de plus de 3 000 personnes.
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Les bains publics à l’époque préindustrielle

L’histoire des bains publics se poursuit après la chute de l’Empire romain. En Orient, le bain romain a évolué en hammam, abandonnant les piscines pour se concentrer davantage sur la transpiration comme méthode de nettoyage. 2021 Après un bain de vapeur, les gens se jettent de l’eau dessus. Rappelant les petits bains romains connus sous le nom de balnea, les hammams se sont répandu en grand nombre dans toutes les villes du monde islamique, facilitant la propreté corporelle et l’accomplissement des ablutions avant la prière. 22

En Europe occidentale, de nombreux bains romains sont tombés en ruine. Cependant, les bains publics ont fait leur grand retour à la fin du Moyen Âge, avec une nouvelle période d’urbanisation. 232425 Aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, de nombreuses villes européennes comptaient un bain public pour 2 000 à 5 000 habitants. 26 Nombre d’entre eux étaient des bains de vapeur inspirés du hammam. Un deuxième type d’établissement de bains proposait des baignoires en bois pouvant accueillir un petit groupe de personnes. Le bain public médiéval était connu sous le nom d’« étuve » (« stew » en anglais), un terme qui fait référence au four qui chauffait l’eau pour les baignoires ou remplissait la pièce de vapeur. 2325

Image : Un ancien bain médiéval, construit en 1562, à Münden, en Allemagne. Photo par Axel Hindemith (CC BY-SA 4.0).
Image : Un ancien bain médiéval, construit en 1562, à Münden, en Allemagne. Photo par Axel Hindemith (CC BY-SA 4.0).
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Image : Le bain public des femmes, par Albrecht Dürer, 1496.
Image : Le bain public des femmes, par Albrecht Dürer, 1496.
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Peinture : Bains Rudas, Ludwig Rohbock, 1850. Les bains Rudas de Budapest ont été construits en 1550 et sont toujours en activité.
Peinture : Bains Rudas, Ludwig Rohbock, 1850. Les bains Rudas de Budapest ont été construits en 1550 et sont toujours en activité.
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L’Europe du Nord et la Russie, qui n’ont jamais été conquises par les empires romain ou islamique, sont restées fidèles aux bains de vapeur et aux bains d’air chaud. Par exemple, des « banyas » publiques existaient dans les villes de la Moscovie au Moyen Âge. 12 L’Asie a également développé des cultures de bain indépendantes. Notamment dans le Japon de la fin du Moyen Âge, les gens partageaient des bains chauds privés entre familles, voisins et amis pour des raisons économiques. Pour ces “bains coopératifs” de quatre à dix personnes, chaque baigneur apportait un peu de bois pour chauffer l’eau. Cette pratique a évolué en bains publics plus grands – les « sento » – qui ont vu leur popularité augmenter à partir du XVe siècle. 2728

Image : Femmes prenant un bain de vapeur. Gravure sur bois d’Olaf Sörling.
Image : Femmes prenant un bain de vapeur. Gravure sur bois d’Olaf Sörling.
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Image : Hommes dans un établissement de bains publics japonais, début du XXe siècle. Image dans le domaine public.
Image : Hommes dans un établissement de bains publics japonais, début du XXe siècle. Image dans le domaine public.
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Se baigner pour le plaisir

De nos jours, les défenseurs de la durabilité qui prônent des douches plus courtes ou moins fréquentes considèrent implicitement le bain comme une pratique strictement utilitaire. Cependant, le bain n’a jamais été une simple question d’hygiène, et ce pendant la majeure partie de l’Histoire. En plus de s’y laver, les gens se rendaient dans les bains publics pour se détendre, s’amuser et se retrouver entre eux. Le bain, quelle que soit sa forme, durait souvent des heures et était loin d’être une action rapide. 1528

Les Grecs de l’Antiquité s’asseyaient côte à côte dans des baignoires individuelles pour converser, ce pour quoi l’acoustique du lieu était parfaitement adaptée. 29 Dans la Rome Antique, les thermes étaient des lieux où les gens se rendaient presque quotidiennement pour être vus, se rencontrer, se détendre, bavarder, faire du sport ou même dîner et étudier. Les baigneurs avaient accès à des soins de beauté et pouvaient ainsi se faire masser, raser, coiffer ou épiler. Ils y célébraient des fêtes et des anniversaires et honoraient des invités étrangers. 1517192530

Le bain, quelle que soit sa forme, durait souvent des heures et était loin d’être une action rapide.

Les bains publics européens médiévaux perpétuaient ces traditions avec moins de splendeur, mais pas nécessairement moins d’entrain. Ainsi, les étuves médiévales où l’on se baignait dans des baquets en bois étaient souvent un lieu de divertissement. On y trouvait de la nourriture, des boissons, de la musique et divers soins corporels. 23 Au Japon, au cours du XVIe siècle, les bains publics sont devenus des lieux de rassemblement et de socialisation, où de grands groupes de personnes mangeaient, buvaient et chantaient. 2728 Les bains de rivière, qui ont perduré autour des villes et dans les zones rurales jusqu’au XXe siècle, étaient une sorte de jeu dans lequel on pouvait pratiquer la natation. 31

En parallèle, les bains avaient la réputation de pouvoir prévenir et guérir les maladies, conformément aux idées d’Hippocrate. Selon lui, on pouvait maintenir ou rétablir l’équilibre des fluides corporels en exposant le corps au froid, au chaud, à l’humidité ou à la sécheresse. L’agencement des bains préindustriels reflétait ces idées, avec des bassins et des espaces dédiés à différentes températures. 1521

Image : Dessin miniature dans “De Sphaera Mundi”, écrit par Johannes de Sacrobosco, vers 1230.
Image : Dessin miniature dans “De Sphaera Mundi”, écrit par Johannes de Sacrobosco, vers 1230.
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Jeu d’échecs dans les bains Széchenyi à Budapest, en Hongrie, dans les années 1970. Photo de Kereki Sándor. Trouvé à Fortepan.
Jeu d’échecs dans les bains Széchenyi à Budapest, en Hongrie, dans les années 1970. Photo de Kereki Sándor. Trouvé à Fortepan.
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Un luxe partagé

Si ces aspects de plaisir, d’interaction sociale et de soins sont encore présents aujourd’hui dans les stations thermales minérales, ces dernières se distinguent nettement des pratiques du bain antérieures. Un spa moderne est bien trop cher pour remplacer une salle de bain privée. À l’inverse, les bains publics historiques étaient une institution égalitaire.

Les bains publics romains n’étaient pas ou peu payants et étaient ouverts à tous. Il n’y avait pas de zones réservées aux clients de haut rang. L’architecture splendide et la décoration opulente des bains publics garantissaient que même le plus humble des serviteurs pouvait goûter au luxe. 151719 En Europe, ces coutumes ont perduré jusqu’au Moyen Âge et se retrouvent dans plusieurs cultures du bain à travers le monde. 23 Au Japon, par exemple, les bains publics ont contribué à « déconstruire lentement la hiérarchie sociale existante et à fluidifier les échanges culturels entre l’élite et les roturiers ». 2832

La seule séparation se trouvait entre les hommes et les femmes, et elle était loin d’être universelle au cours de l’Histoire. Ils se rendaient dans des thermes différents, y occupaient des espaces différents ou partageaient les mêmes espaces mais à différents moments de la journée ou de la semaine. 1215171923

Image : Un sento au Japon. Photo de Stuart Gibson.
Image : Un sento au Japon. Photo de Stuart Gibson.
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L’utilisation de combustibles dans les bains publics romains

Ce luxe partagé était-il durable ? La plupart des études sur l’utilisation de l’énergie dans les bains publics portent sur les thermes de la Rome antique. Les historiens ont parfois reproché aux thermes de l’Empire leur gaspillage, estimant que leur utilisation généralisée avait engendré la déforestation. 333435 Toutefois, les recherches archéologiques, les analyses thermiques et les études sur le transfert thermique menées ces dernières années ont révélé que les thermes de la Rome antique, malgré leur opulence, offraient d’excellentes performances énergétiques. 3633

La première raison était le système d’hypocauste. Il s’agit d’un ou de plusieurs fours souterrains qui diffusent de l’air chaud sous le sol et dans les murs creux (certains bains ont également des plafonds chauffés). Grâce aux grandes surfaces lumineuses, l’intérieur du bâtiment peut être chauffé à une température plus basse, ce qui permet d’économiser de l’énergie. Bien que l’eau des bassins soit régulièrement réchauffée dans une chaudière isolée située à proximité du four, la chaleur des planchers et des murs contribue à la maintenir chaude pendant une longue période. 3633

Une étude des thermes de Stabies, l’un des plus anciens thermes conservés, indique une consommation de bois de chauffage de 5 à 8 kg par heure, en fonction de la saison. 3637 Cela correspond à un approvisionnement en bois d’un peu plus de 60 frênes par an, ce qui ne risquait pas de provoquer une déforestation. 36 La consommation de bois de chauffage était probablement encore plus basse, car les thermes romains complétaient régulièrement le bois par d’autres combustibles disponibles localement, qui étaient d’ailleurs souvent des déchets : roseaux, sous-produits de récolte (noyaux d’olives, déchets de vergers, paille) et déchets animaux (fumier et os). 33

De nombreux thermes romains étaient chauffés presque exclusivement à l’énergie solaire les jours ensoleillés.

En suivant la même méthodologie, l’étude d’un complexe de bains publics plus récent – les thermes du Forum d’Ostie – montre que les Romains ont constamment amélioré l’efficacité énergétique de leurs bains publics. 3839 Les thermes du Forum d’Ostie faisaient presque le triple des thermes de Stabies : 923 m2 d’espace chauffé, contre 310 m2. Cependant, l’on estime qu’ils consommaient seulement une centaine d’arbres par an, soit moins du double que ceux de Stabies. 3836 Les bains publics plus récents avaient des murs plus épais (deux mètres au lieu d’un mètre) et des fenêtres beaucoup plus grandes, ce qui augmentait la contribution du rayonnement solaire. Des recherches antérieures ont montré que, lors des jours ensoleillés, les thermes du Forum étaient chauffés presque exclusivement par l’énergie solaire. 40

Les études ci-dessus supposent que les Romains chauffaient leurs thermes 24 heures sur 24 et ne les fermaient que pour l’entretien. Les bains publics de la Rome antique étaient probablement chauffés aussi pendant la nuit, car c’était plus pratique et plus efficace sur le plan énergétique. De nombreux bains étaient ouverts tous les jours et il fallait parfois une journée entière pour les réchauffer après entretien. Au cours des siècles suivants, les étuves et les hammams médiévaux utilisaient souvent la chaleur ou les cendres du four pour cuire du pain et d’autres aliments pendant la nuit. 41 Les hammams et les étuves médiévales étaient moins efficaces sur le plan énergétique que les thermes romains. Les sols des hammams étaient chauffés, mais pas leurs murs, et ils avaient peu de fenêtres alors que les étuves médiévales n’avaient souvent rien de tout cela.

Image : Les grandes fenêtres des thermes du Forum. Image : Jan Theo Bakker.
Image : Les grandes fenêtres des thermes du Forum. Image : Jan Theo Bakker.
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Image : L’hypocauste du complexe des Grands Bains, Dion antique. Photo prise par Carole Raddato (CC BY-SA 2.0).
Image : L’hypocauste du complexe des Grands Bains, Dion antique. Photo prise par Carole Raddato (CC BY-SA 2.0).
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Image : Reconstruction historique des thermes romains de Weißenburg, en Allemagne, à l’aide de données obtenues par balayage laser. Crédit : CyArk. CC BY-SA 3.0
Image : Reconstruction historique des thermes romains de Weißenburg, en Allemagne, à l’aide de données obtenues par balayage laser. Crédit : CyArk. CC BY-SA 3.0
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Comparons les bains publics romains aux salles de bain privées

Où la consommation d’énergie des bains publics romains se situe-t-elle par rapport à celle d’une douche moderne ? Les études n’apportent pas de réponse, mais un calcul rapide montre qu’un bain dans des thermes de la Rome antique, qui durait des heures, était plus économe en énergie qu’une douche dans une salle de bain privée actuelle, qui dure en moyenne 9 minutes. La consommation quotidienne d’énergie des thermes du Forum correspond à la consommation quotidienne d’énergie de 557 douches. Les thermes pouvaient accueillir jusqu’à 500 baigneurs à la fois, et bien que nous ne sachions pas combien de personnes fréquentaient les thermes du Forum chaque jour, il est probable que la fréquentation dépassait ce chiffre. 42

Un bain dans des thermes de la Rome antique, qui durait des heures, était plus économe en énergie qu’une douche dans une salle de bain privée actuelle, qui dure en moyenne 9 minutes.

En outre, dans le calcul ci-dessus, la consommation d’énergie pour la douche ne concerne que le chauffage de l’eau, alors que la consommation de combustible pour les bains publics comprend également et principalement le chauffage des locaux. 36 Par exemple, en supposant que l’eau des bassins des thermes de Stabies n’était changée qu’une fois par jour, le chauffage de l’eau représentait moins de 10 % de la consommation totale d’énergie, ce qui correspond à la consommation d’énergie de 52 douches seulement. La faible consommation d’énergie pour le chauffage de l’eau s’explique en partie par l’excellente isolation thermique des sols et des murs chauffés, ce qui signifie que le chauffage de l’espace et de l’eau est indissociable. De plus, les Romains se partageaient l’eau dans des bassins, alors que chaque douche nécessite de l’eau propre chauffée pour cette dernière.

De même, les bains publics de la Rome antique soutiennent avantageusement la comparaison avec nos modèles de sauna d’extérieur modernes. Ces derniers consomment entre 5 et 15 kg de bois de chauffage par séance. 43 Donc, en seulement seize séances de sauna d’extérieur, on brûle autant de bois que les thermes de Stabies en une journée. Le sauna n’a pas de plancher ni de parois chauffées. Historiquement, il était souvent construit partiellement sous terre pour économiser du combustible, mais de nos jours, il s’agit généralement d’un ouvrage mal isolé, situé dans un environnement froid.

Image : Sandales de bain pour femmes, Arabie saoudite. Les sols chauffés des hammams sont trop chauds pour y marcher pieds nus. Source : Wereldmuseum (CC BY-SA 4.0).
Image : Sandales de bain pour femmes, Arabie saoudite. Les sols chauffés des hammams sont trop chauds pour y marcher pieds nus. Source : Wereldmuseum (CC BY-SA 4.0).
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Les bains publics de la révolution industrielle

Les pratiques du bain ont beaucoup évolué depuis l’époque romaine et la fin du Moyen Âge, en particulier dans la majeure partie du monde occidental. Peu d’entre nous ont le temps ou même le besoin de s’attarder dans des bains publics pendant plusieurs heures par jour, et certains d’entre nous peuvent se sentir mal à l’aise à l’idée de se baigner en public. 30 Cependant, les bains publics peuvent également prendre une forme plus conforme aux coutumes balnéaires modernes. Les bains publics de la révolution industrielle en sont la preuve.

Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les villes ont accueilli un grand nombre d’immigrants venus travailler dans les usines. La plupart d’entre eux étaient logés dans des immeubles surpeuplés sans eau courante, entraînant des conditions de vie insalubres. 44 Les épidémies récurrentes et les nouvelles avancées médicales ont conduit à un « évangile de la propreté », se traduisant par un nouvel essor des bains publics dans le monde occidental. Beaucoup de ces bains n’ont disparu qu’entre les années 1950 et 1980.

Le mouvement en faveur de l’hygiène publique est né en Angleterre et y a atteint son apogée dans les années 1840. En 1896, plus de 200 municipalités britanniques disposaient de bains publics. Les bains anglais s’inspiraient de la grandeur des bains romains tant sur leur plan architectural que décoratif : ils étaient « grands, beaux et coûteux » 44, mais ils ne reproduisaient pas les coutumes de bain de l’Antiquité. Les différentes sections des établissements de bains étaient réservées à différentes classes sociales. En outre, bien que les bassins favorisaient toujours les interactions sociales, les baignoires étaient désormais situées dans des compartiments individuels. Enfin, les établissements de bains modernes imposaient des limites de temps pour l’utilisation du bassin et des baignoires. 444546

Image: Bains publics de Nechelles à Birmingham, Angleterre, 1910. Image par Oosoom (CC BY-SA 3.0).
Image: Bains publics de Nechelles à Birmingham, Angleterre, 1910. Image par Oosoom (CC BY-SA 3.0).
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Image: L’intérieur restauré de l’Amalienbad à Vienne, en Autriche, construit en 1926. Il s’agissait de l’un des plus grands établissements de bains d’Europe de l’époque, pouvant accueillir jusqu’à 1 300 baigneurs simultanément. Le toit d’origine pouvait coulisser par beau temps. Image par Schwimmschule Steiner (CC BY-SA 4.0).
Image: L’intérieur restauré de l’Amalienbad à Vienne, en Autriche, construit en 1926. Il s’agissait de l’un des plus grands établissements de bains d’Europe de l’époque, pouvant accueillir jusqu’à 1 300 baigneurs simultanément. Le toit d’origine pouvait coulisser par beau temps. Image par Schwimmschule Steiner (CC BY-SA 4.0).
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Le Bain-Douche

L’Allemagne, premier pays du continent à suivre les Britanniques, a également construit des bains monumentaux. 47 Cependant, dans les années 1880, le médecin berlinois Oscar Lasser a affirmé que les grands bains étaient trop coûteux pour être construits dans les dimensions nécessaires. Il a proposé de construire des bains plus petits ne comportant que des douches dans des compartiments individuels. Jusqu’alors, la douche était principalement associée à une baignoire ou utilisée dans les casernes et les prisons, où les soldats et les détenus se douchaient à l’eau froide. 464425

Le bain-douche est devenu le type de bain public prédominant dans la plupart des pays d’Europe occidentale, ainsi qu’en Amérique du Nord, où le mouvement de réforme sanitaire a pris de l’ampleur dans les années 1890. 4849 Ce mouvement a fait disparaître les derniers vestiges de la culture des bains antiques en remplaçant les bassins par une architecture plus pratique. Pour le meilleur ou pour le pire, les bains publics de la révolution industrielle étaient « l’antithèse des bains préindustriels ». 45 Bien que les baigneurs utilisaient toujours les infrastructures communes, il n’y avait plus d’espace dédié au plaisir, à l’interaction sociale, à la nudité publique et à la mixité sociale.

Pour le meilleur ou pour le pire, les bains publics de la révolution industrielle étaient l’antithèse des bains préindustriels.

Au fur et à mesure que les classes sociales plus aisées disposaient de leur propre système d’approvisionnement en eau et leurs propres salles de bains, les bains publics étaient de plus en plus associés à la pauvreté. Bien que les bains-douches ne disposaient pas de sections séparées pour les différentes classes sociales, ils étaient principalement construits dans les quartiers défavorisés et ne s’adressaient qu’aux personnes pauvres. Les baigneurs étaient conduits à leur cabine de douche par un gardien, qui ouvrait le robinet, décidait de la température de l’eau et déclenchait une minuterie. Ils ne disposaient que de 20 minutes au maximum pour se déshabiller, se doucher et se rhabiller. 4445 «Les pauvres devaient être propres, mais ne pas trop en profiter». 44

Image : Le dernier gardien d’un établissement de bains à Haarlem, aux Pays-Bas, en 1984. Image dans le domaine public.
Image : Le dernier gardien d’un établissement de bains à Haarlem, aux Pays-Bas, en 1984. Image dans le domaine public.
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Bains et douches équipés de minuteurs dans les bains publics d’Amsterdam, 1985. Source : Stadsarchief Amsterdam.
Bains et douches équipés de minuteurs dans les bains publics d’Amsterdam, 1985. Source : Stadsarchief Amsterdam.
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Image: Cabines de douche dans un bain public à Amsterdam, Pays-Bas. Stadsarchief Amsterdam.
Image: Cabines de douche dans un bain public à Amsterdam, Pays-Bas. Stadsarchief Amsterdam.
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Image : Chaufferie d’un bain municipal à Amsterdam, Pays-Bas, 1985. Stadsarchief Amsterdam.
Image : Chaufferie d’un bain municipal à Amsterdam, Pays-Bas, 1985. Stadsarchief Amsterdam.
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Le retour des bains publics ?

En Europe et en Amérique du Nord, les bains publics ont cessé d’exister avec l’avènement des salles de bain privées, même si nous continuons à nous laver ensemble dans les centres sportifs et à utiliser des salles de bain communes dans les auberges ou les campings. Les bains publics subsistent ailleurs, mais sont en déclin dans la plupart des pays. Le Caire, par exemple, ne comptait que huit hammams en 2000, contre plus de soixante-dix au début du 19e siècle. 5051 En 1968, l’agglomération de Tokyo comptait 2 687 bains publics. En 2022, il n’en restait plus que 462. 5253

Historiquement, les bains publics sont nés d’un besoin d’efficacité, car prendre un bain individuellement nécessitait trop de ressources. Ce n’est plus le cas grâce au progrès des infrastructures centrales : énergies fossiles, électricité, approvisionnement en eau, égouts. Cependant, face à la crise environnementale actuelle, l’efficacité des bains publics en termes de ressources est redevenue d’actualité. C’est une solution qui pourrait réduire rapidement la consommation d’énergie sans nécessiter de nouvelles technologies ni sacrifier le confort. La résilience est un autre argument en faveur de l’établissement de bains. 54

Image : Bains municipaux à Javaplein à Amsterdam, Pays-Bas. Image : Stadsarchief Amsterdam.
Image : Bains municipaux à Javaplein à Amsterdam, Pays-Bas. Image : Stadsarchief Amsterdam.
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Image: Un ancien bain public à Flensburg, en Allemagne. Image : VollwertBIT (CC BY-SA 2.5).
Image: Un ancien bain public à Flensburg, en Allemagne. Image : VollwertBIT (CC BY-SA 2.5).
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Quel type de bains publics souhaitons-nous ?

La transformation des bains publics aux XIXe et XXe siècles, qui a également touché ceux en dehors du monde occidental, constitue un défi pour tous ceux qui souhaiteraient faire revivre les bains publics dans une optique de durabilité. Quel type d’établissement de bains souhaitons-nous ? Bien entendu, le bain romain et le bain-douche sont deux extrêmes, mais de nombreuses formes intermédiaires sont envisageables. Toutefois, tout architecte d’un futur établissement de bains devra prendre des décisions potentiellement controversées.

Par exemple, on pourrait avancer que le bain-douche ne répond pas seulement aux habitudes modernes de bain, mais qu’il optimise également l’utilisation des ressources. Cela est d’autant plus vrai lorsque c’est le gouvernement qui contrôle la durée de la douche et la température de l’eau, plutôt que les utilisateurs eux-mêmes. Ainsi, les bains publics pourraient devenir un moyen d’imposer la modération à l’ensemble de la population. Toutefois, il est peu probable qu’une telle approche suscite un engouement pour la renaissance des bains publics. Elle ne contribuerait pas non plus à améliorer les interactions sociales. 55

Tout architecte d’un futur établissement de bains devra prendre des décisions potentiellement controversées.

La promotion d’un retour vers les bains publics préindustriels, centrés sur l’interaction sociale et le bien-être collectif, peut s’avérer plus efficace pour inciter les individus à quitter leurs salles de bains privées, mais cette approche se heurte également à certains obstacles. Les bains publics font face à des réticences depuis 2 000 ans, principalement en raison de divergences d’opinions sur la santé et la morale. 56 Par exemple, les préoccupations liées à la débauche et à la prostitution, fondées ou non, ont traversé l’histoire des bains publics dans toutes les cultures. 57 La séparation entre hommes et femmes n’apaise pas entièrement ces inquiétudes.

Image : Scène d’un établissement de bains, c. 1470, peinte par le Maître d’Antoine de Bourgogne (Berlin Staatsbibliothek, Ms. Dep. Breslau 2, vol. 2, fol. 244).
Image : Scène d’un établissement de bains, c. 1470, peinte par le Maître d’Antoine de Bourgogne (Berlin Staatsbibliothek, Ms. Dep. Breslau 2, vol. 2, fol. 244).
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Tout discours en faveur de la réouverture des bains publics devra également tenir compte de la préoccupation concernant les maladies contagieuses. Par exemple, un « confinement » de la population, comme l’ont mis en œuvre de nombreux gouvernements lors de la pandémie de coronavirus en 2020 et 2021, n’est pas compatible avec le concept de bains publics. Une telle mesure ne peut être appliquée que si tout le monde dispose d’une salle de bain privée. 58 Le lien entre les bains collectifs et la santé est complexe. La science a reconnu les nombreux bienfaits des bains pour la santé, qu’ils soient froids, chauds ou de vapeur, et a également démontré l’importance des interactions sociales. Cependant, le fait de rassembler des personnes comporte toujours des risques pour la santé.

Comment construire un établissement de bains low-tech ?

Il existe une autre différence entre les bains construits avant la révolution industrielle et ceux qui ont vu le jour après : les bains préindustriels étaient alimentés par des combustibles renouvelables, tandis que les bains industriels fonctionnaient avec des combustibles fossiles. De nombreux établissements de bains modernes disposent d’une centrale électrique au charbon pour chauffer à la fois le bâtiment et l’eau tout en fournissant de l’électricité pour l’éclairage. Bien que les bains publics alimentés par des énergies fossiles soient plus économes en énergie que les salles de bains privées utilisant ces mêmes énergies, il reste encore des progrès à réaliser.

Un grand bain chauffé par hypocauste et doté de grandes fenêtres demeure une technologie neutre en carbone difficile à surpasser (si l’on utilise une production de bois renouvelable). 5960 Cependant, la combustion de la biomasse crée de la pollution atmosphérique, alors que l’utilisation de sources d’énergie renouvelable pour alimenter un établissement de bains pourrait éviter ce problème. La solution la plus évidente pour le chauffage des bâtiments et de l’eau est l’utilisation de capteurs solaires plats, qui permettent au soleil de chauffer l’eau. Les éoliennes productrices de chaleur constituent une alternative économique par rapport aux capteurs solaires thermiques dans les régions moins ensoleillées. 61 D’autres sources potentielles de chaleur incluent l’énergie géothermique et la chaleur résiduelle des usines.

Bien que les bains publics alimentés par des énergies fossiles soient plus économes en énergie que les salles de bains privées utilisant ces mêmes énergies, il reste encore des progrès à réaliser.

Le principal inconvénient d’un établissement de bains alimenté par l’énergie solaire ou éolienne est qu’il nécessite des conditions météorologiques favorables. Pour remédier à ce problème, l’énergie solaire ou éolienne pourrait être associée à un système de stockage thermique, tel que des réservoirs d’eau isothermes. Le stockage de la chaleur dans une masse thermique sur de longues périodes est beaucoup moins coûteux et plus durable que le stockage de l’électricité dans des batteries chimiques. Cependant, il nécessite un espace que seuls les bains collectifs peuvent offrir. Il est plus difficile de séparer les bains de vapeur et les saunas de la combustion de la biomasse, bien que quelques exemples innovants existent. 62

La centralisation des installations de baignade dans une infrastructure commune permet également de créer un espace suffisant pour qu’un établissement de bains puisse bénéficier d’une isolation thermique importante (un facteur décisif pour la consommation d’énergie) et assurer son approvisionnement en eau (par exemple, en récupérant et en stockant l’eau de pluie) ainsi que le traitement des eaux usées (comme avec la phytoremédiation utilisant des plantes).

Les architectes ont adopté certaines de ces idées dans des pays où les bains publics sont encore utilisés. Par exemple, dans un village de montagne en Chine, un bain communautaire pouvant accueillir 5 000 personnes fonctionne principalement hors réseau, puisant l’eau d’un puits, la chauffant à l’aide de capteurs solaires et filtrant les eaux usées des douches et des toilettes dans des bassins remplis de bambous. 63

Image : En Chine, cet établissement de bains publics dispose de 24 douches utilisées par une communauté de 5 000 habitants. Les eaux usées y sont recyclées grâce à des plantations de bambou. Source : BAO Architectes.
Image : En Chine, cet établissement de bains publics dispose de 24 douches utilisées par une communauté de 5 000 habitants. Les eaux usées y sont recyclées grâce à des plantations de bambou. Source : BAO Architectes.
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En outre, les bains publics s’inscrivent dans la vision plus high-tech d’une infrastructure énergétique centralisée, qui produit de l’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques et des éoliennes. Dans ce cas de figure, les bains publics pourraient absorber l’excès d’électricité durant les journées très ensoleillées ou venteuses. Plutôt que d’« effacer » l’électricité produite par les surplus d’énergie solaire et éolienne, cette énergie pourrait alimenter des pompes à chaleur électriques et permettre aux bains publics de stocker cette chaleur dans leur masse thermique. 64 Bien que cette méthode soit moins efficace en termes de ressources, comparée à celle des bains publics ne nécessitant pas d’électricité, elle demeure préférable à un réseau d’énergie renouvelable centralisé alimentant plusieurs salles de bains privées.

Kris De Decker

Merci à Jonas Görgen et Elizabeth Shove pour leurs retours sur une version antérieure de cet article.

Marie Verdeil et Roel Roscam Abbing ont contribué à la sélection des images.


  1. La mise en place de réseaux de distribution d’eau et d’assainissement a nécessité un temps considérable, notamment dans les anciennes villes européennes. Avant 1900, seuls les appartements parisiens les plus onéreux étaient équipés d’une salle de bains. 26 Des salles de bains privées raccordées au réseau d’eau potable ont commencé à apparaître dans les foyers britanniques les plus aisés dans les années 1860. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 1950 que les classes ouvrières ont eu accès à des logements régulièrement approvisionnés en eau courante chaude et froide. 3. Dans les villes plus récentes des États-Unis, l’installation d’infrastructures d’approvisionnement en eau et de canalisations a été plus facile. Dès les années 1870, le système de plomberie américain était supérieur à celui des autres pays. En 1940, plus de la moitié des maisons américaines possédaient une salle de bains complète, alors qu’en 1954, seul un logement français sur dix était équipé d’une douche ou d’une baignoire. 20 ↩︎

  2. La douche à brumisation : vers un confort plus durable ?, Kris De Decker, Low-tech Magazine, 2019. https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2019/10/mist-showers-sustainable-decadence/ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  3. Pickerill, Jenny. « Cold comfort? Reconceiving the practices of bathing in British self-build eco-homes. » Annals of the Association of American Geographers 105.5 (2015) : 1061-1077. https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00045608.2015.1060880 ↩︎ ↩︎ ↩︎

  4. La tendance va vers des douches plus fréquentes et plus longues 2 ainsi que vers des salles de bains privées plus grandes et plus luxueuses. Par exemple, en 2021, plus d’un tiers des nouvelles maisons unifamiliales aux États-Unis comptait trois salles de bains ou plus, contre « seulement » un quart en 2005. Source : Number of Bathrooms in New Homes in 2021, Jesse Wade, National Association Of Home Builders, novembre 2022. https://eyeonhousing.org/2022/11/number-of-bathrooms-in-new-homes-in-2021/ ↩︎

  5. La quantité d’eau pouvant être économisée grâce aux bains publics dépend de la façon dont les individus se baignent ensemble. Les piscines et les bains collectifs permettent d’économiser de l’eau, contrairement aux douches et baignoires individuelles, même lorsque ces dernières se trouvent dans un espace partagé. ↩︎

  6. Erfurt, Patricia. « Hot springs throughout history. The Geoheritage of hot springs. » Cham : Springer International Publishing, 2021. 119-182. ↩︎ ↩︎ ↩︎

  7. Tamburello, Giancarlo, et al. « Global thermal spring distribution and relationship to endogenous and exogenous factors. » Nature Communications 13.1 (2022) : 6378. ↩︎

  8. Cataldi, Raffaele, Susan F. Hodgson et John W. Lund. Stories from a heated earth: our geothermal heritage. N° 19. Nicholson, 1999. ↩︎ ↩︎ ↩︎

  9. Certains animaux, comme les macaques japonais et les capybaras, sont même connus pour apprécier les baignades dans les sources d’eau chaude. Voir, par exemple : Matsuzawa, Tetsuro. « Hot-spring bathing of wild monkeys in Shiga-Heights: origin and propagation of a cultural behavior. » Primates 59.3 (2018) : 209-213. https://link.springer.com/content/pdf/10.1007/s10329-018-0661-z.pdf↩︎

  10. Sonntag, C. F. « The History of Baths and Bathing in Britain before the Norman Conquest. » Proceedings of the Royal Society of Medicine 13.sect_hist_med (1920) : 25-46. ↩︎ ↩︎

  11. Aaland, Mikkel. « Sweat: The illustrated history and description of the Finnish sauna, Russian bania, Islamic hammam, Japanese mushi-buro, Mexican temescal and American Indian & Eskimo sweat lodge. » (1978). ↩︎

  12. Pollock, Ethan. Without the banya we would perish: a history of the Russian bathhouse. Oxford University Press, USA, 2019. ↩︎ ↩︎ ↩︎

  13. La première mention écrite des bains de vapeur date du Ve siècle avant J.-C., lorsque l’historien grec Hérodote a comparé le bain de sueur de la Scythie, située au nord de la mer Noire, au bain de vapeur grec de son époque. Toutefois, il est très probable que leurs origines remontent à la préhistoire. Il n’est pas surprenant que les bains à vapeur et les bains d’air chaud aient d’abord émergé dans les régions où les hivers sont longs et froids : le nord-ouest de l’Europe, la Russie, l’Alaska et le Canada. Ils ont également été utilisés par les Amérindiens et se sont répandus en Amérique centrale et en Amérique du Sud. 10 ↩︎

  14. L’une des premières preuves archéologiques d’installations de bains construites par l’homme remonte à environ 2 300 ans avant J.-C., dans l’actuel Pakistan. Les habitants de Mohenjo-daro, qui était probablement la capitale de la civilisation de l’Indus, ont construit des puits et des systèmes de drainage pour aménager des salles de bains privées dans la plupart des habitations, ainsi qu’un grand bassin commun. Les salles de bains privées comprenaient une plate-forme peu profonde de 1 m2, où les gens s’aspergeaient d’eau avec des seaux. Le « Grand Bain » était un bassin en briques, flanqué de marches, qui pouvait contenir 160 m3 d’eau. Comme la ville se situait dans une région au climat désertique chaud, il n’était pas nécessaire de chauffer l’eau. Sources : Graeber, David, et David Wengrow. The dawn of everything: A new history of humanity. Penguin UK, 2021 + Jansen, Michael. « Mohenjo-Daro, Indus Valley civilization: water supply and water use in one of the largest Bronze Age cities of the third millennium BC. » Geo : A new world of knowledge (2011). https://openarchive.icomos.org/id/eprint/1541/1/110601geo_06_2011_indian_edition_email.pdf ↩︎

  15. Maréchal, Sadi. Public baths and bathing habits in Late Antiquity: a study of the archaeological and historical evidence from Roman Italy, North Africa and Palestine between AD 285 and AD 700. Diss. Ghent University, 2016. https://biblio.ugent.be/publication/7235534/file/7235545.pdf ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  16. Fagan, Garrett G. « The genesis of the Roman public bath: recent approaches and future directions. » American Journal of Archaeology 105.3 (2001) : 403-426. ↩︎

  17. Kosso, Cynthia, et Anne Scott, eds. The nature and function of water, baths, bathing, and hygiene from antiquity through the Renaissance. Vol. 11. Brill, 2009. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  18. Les Grecs et les Romains utilisaient également des bains froids en complément de leurs installations sportives. Dans ce contexte, l’acte de se laver était secondaire. 1519 ↩︎

  19. Hoagland, Alison K. The bathroom: a social history of cleanliness and the body. Bloomsbury Publishing USA, 2018. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  20. Ashenburg, Katherine. The dirt on clean: An unsanitized history. Vintage Canada, 2010. ↩︎ ↩︎ ↩︎

  21. Fournier, Caroline. Les bains d’al-Andalus : VIIIe-XVe siècle. Presses universitaires de Rennes, 2018. https://books.openedition.org/pur/44617#anchor-resume ↩︎ ↩︎ ↩︎

  22. Sibley, Magda, Camilla Pezzica et Chris Tweed. « Eco-hammam: the complexity of accelerating the ecological transition of a key social heritage sector in Morocco. » Sustainability 13.17 (2021) : 9935 ↩︎

  23. Coomans, Janna. « Janna Coomans - The Medieval Bathhouse (MA Thesis - 2013). » The Medieval Bathhouse: Bathing Culture in the Late Medieval Low Countries (2013) : n. pag. Print. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  24. Wurtzel, Ellen. « Passionate Encounters, Public Healing: Medieval Urban Bathhouses in Northern France. » French Historical Studies 46.3 (2023) : 331-360. https://read.dukeupress.edu/french-historical-studies/article/46/3/331/381254/Passionate-Encounters-Public-HealingMedieval-Urban ↩︎ ↩︎

  25. Büchner, Robert. Im städtischen Bad vor 500 Jahren: Badhaus, bader und Badegäste im alten Tirol. Böhlau, 2014. ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  26. Au XIIIe siècle, Paris comptait environ 30 établissements de bains publics pour 200 000 habitants 2324, tandis qu’au XIVe siècle, Londres en avait au moins 18 pour une population de 80 000 habitants. 20 Dans les Pays-Bas de la fin du XIVe siècle, Bruges (30 000 habitants) et Gand (40 000 habitants) possédaient chacune une vingtaine de bains publics, tandis que des villes plus petites comme Maastricht et Louvain (15 000 habitants) en avaient environ cinq. Vienne (en Autriche) comptait 29 établissements de bains publics au XVe siècle. 23 Les bains médiévaux, comme les hammams, étaient plus petits que les bains romains. Les bains médiévaux découverts en Allemagne et dans les Pays-Bas avaient une superficie entre 100 et 200 mètres carrés. 23 Les bains publics romains typiques mesuraient plutôt dans les 500 m2. 15 ↩︎ ↩︎

  27. Butler, Lee. « “Washing Off the Dust”: Baths and Bathing in Late Medieval Japan. » Monumenta Nipponica 60.1 (2005) : 1-41. https://web.archive.org/web/20190818120651id_/http://muse.jhu.edu:80/article/182356/pdf ↩︎ ↩︎

  28. Merry, Adam M., « More Than a Bath: An Examination of Japanese Bathing Culture » (2013). CMC Senior Theses. Paper 665. http://scholarship.claremont.edu/cmc_theses/665 ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  29. Gill, A. A. « “Chattering” in the Baths: The Urban Greek Bathing Establishment and Social Discourse in Classical Antiquity. » (2011). https://tobias-lib.ub.uni-tuebingen.de/xmlui/bitstream/handle/10900/61481/CD27_Gill_CAA2008.pdf?sequence=2&isAllowed=y ↩︎

  30. Górnicka, Barbara. Nakedness, shame, and embarrassment: A long-term sociological perspective. Vol. 12. Springer, 2016. ↩︎ ↩︎

  31. A Cultural History of Parson’s Pleasure, George Townsend, PhD, Birkbeck, University of London, 2022, non publié. Voir aussi : Dive in! A history of river swimming in Oxford. Musée d’Oxford, exposition de 2023. https://moxdigiexhibits.omeka.net/exhibits/show/dive-in#:~:text=Dive%20In!-,A%20history%20of%20river%20swimming%20in%20Oxford,places%20for%20bathing%20and%20swimming↩︎

  32. Le caractère égalitaire des bains publics était renforcé par le fait que les individus étaient partiellement ou totalement nus. « On ne se débarrassait pas seulement de ses vêtements, mais aussi de son rang social et de ses biens matériels, qui devenaient en grande partie invisibles », conclut un historien des bains publics japonais. 28 « Le véritable collectif est un collectif nu », observe un autre, en faisant référence au banya russe. Source : Gearsimova, A. « My Banya, Your Banya: From Reality to Myth. » (2016). ↩︎

  33. Mietz, Michael. « The fuel economy of public bathhouses in the Roman Empire. » Master’s thesis, Ghent University, Faculty of Arts and Philosophy, Campus Boekentoren, Blandijnberg 2 (2016) : 9000. https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/002/303/996/RUG01-002303996_2016_0001_AC.pdf ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  34. Wilson, A. Raw materials and energy. Dans « The cambridge companion to the roman economy », Scheidel, 2012. ↩︎

  35. Ancient deforestation revisited, Journal of the history of biology, 44 (1), 43-57. https://www.researchgate.net/profile/J-Donald-Hughes/publication/45407393_Ancient_Deforestation_Revisited/links/08ce17d911d2244431641d70/Ancient-Deforestation-Revisited.pdf ↩︎

  36. Miliaresis, Ismini. « Heating the Stabian Baths at Pompeii. » Curious (2021) : 83. https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/58973/1/external_content.pdf#page=91 ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  37. L’étude suppose que les bains étaient chauffés 24 heures sur 24 et qu’ils n’étaient arrêtés que pour l’entretien. Elle ne compte qu’une seule fois le combustible utilisé pour le chauffage initial des lieux (estimé à 35 kg dans le cas des thermes de Stabies) dans le total annuel de consommation énergétique. Les résultats reposent également sur l’hypothèse que l’eau des bains était renouvelée quotidiennement (et qu’il fallait donc chauffer de l’eau froide tous les jours). ↩︎

  38. Veal, Robyn, et Victoria Leitch.tch. Fuel and Fire in the Ancient Roman World: Towards an integrated economic understanding. McDonald Institute for Archaeological Research, 2019. https://www.repository.cam.ac.uk/bitstreams/c349fc20-11d0-4ad4-a2e9-55dccca9f2df/download ↩︎ ↩︎

  39. Miliaresis, Ismini Alexandra. Heating and Fuel Consumption in the Terme del Foro at Ostia. Diss. University of Virginia, 2013. https://libraetd.lib.virginia.edu/public_view/5d86p0445 ↩︎

  40. Ring, James W. « Windows, baths, and solar energy in the Roman empire. » American Journal of Archaeology 100.4 (1996) : 717-724. ↩︎

  41. Il est possible que les bains publics romains aient fait de même, mais je n’ai trouvé aucune référence à ce sujet. Pour les hammams, voir, par exemple : Sibley, Magda, et Martin Sibley. « Hybrid transitions: combining biomass and solar energy for water heating in public bathhouses. » Energy Procedia 83 (2015) : 525-532. ↩︎ ↩︎

  42. Clemens Brünenberg, Jens-Arne Dickman, Monika Trümper, et al. « Stabian Baths in Pompeii. New Research on the Development of Ancient Bathing Culture. » (2019). https://www.academia.edu/download/67567783/Truemper_et_al._Stabian_Baths_RM_2019.pdf ↩︎

  43. La consommation énergétique d’un sauna est plus variable que celle d’une douche, et je n’ai trouvé aucune étude académique fiable sur le sujet. Les valeurs que j’utilise ici sont des estimations approximatives, basées sur des données issues de forums et de sites internet. Notez également que la différence d’efficacité énergétique s’explique en partie par le climat : les saunas se trouvent généralement dans des régions froides, tandis que la plupart des bains romains étaient situés autour de la Méditerranée. ↩︎

  44. Williams, Marilyn T. Washing « The Great Unwashed: public baths in urban America », 1840-1920. Ohio State University Press, 1991. https://kb.osu.edu/bitstream/handle/1811/6282/1/Washing_the_Great_Unwashed.pdf ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎

  45. Dillon, Jennifer Reed. Modernity, sanitation and the public bath: Berlin, 1896–1933, as archetype. Duke University, 2007. https://dukespace.lib.duke.edu/bitstreams/33e2fe84-16ec-4044-91d6-75d5c87d37e3/download ↩︎ ↩︎ ↩︎

  46. Ladd, Brian K. « Public baths and civic improvement in nineteenth-century German cities. » Journal of urban history 14.3 (1988) : 372-393. ↩︎ ↩︎

  47. Les bains publics de Stuttgart, par exemple, comptaient deux grands bassins, 300 vestiaires, 102 baignoires, deux bains russo-romains, deux bains d’eau froide, un solarium et un bain pour chiens. À la fin du siècle, presque toutes les villes allemandes possédaient un établissement de bains publics monumental, souvent équipé d’un restaurant et d’un salon de coiffure. 2544 ↩︎

  48. La ville de New York a construit 25 bains publics monumentaux, et Boston a intégré aux siens des piscines et des gymnases. En revanche, d’autres villes américaines se sont limitées aux bains-douches publics pour les classes populaires. Par exemple, en 1920, Chicago comptait plus de vingt bains-douches publics répartis dans les quartiers pauvres et ouvriers. 44 ↩︎

  49. L’Allemagne et l’Autriche ont construit des bains-douches publics dans les quartiers pauvres, tout en continuant à édifier des établissements plus élaborés et onéreux pour les classes sociales supérieures, qui bénéficiaient souvent d’un approvisionnement en eau, mais n’avaient pas forcément de salle de bains. 44 ↩︎

  50. Talmisānī, Mayy, et Eve Gandossi. The last hammams of Cairo: a disappearing bathhouse culture. American Univ in Cairo Press, 2009. ↩︎

  51. Damas est passée de 40 hammams dans les années 1940 à seulement 13 en 2004. Source : Sibley, Magda. « The Historic hammāms of Damascus and Fez: lessons of sustainability and future developments. » 23e conférence sur l’architecture passive et à faible énergie (PLEA). 2006. https://www.academia.edu/download/52232181/The_Historic_Hammms_of_Damascus_and_Fez_20170321-32624-5s2lbk.pdf Le Maroc est une exception. Selon les sources, le nombre de hammams en activité varie entre 6 000 et 10 000, fonctionnant encore avec le système de chauffage traditionnel. 41 ↩︎

  52. « Tokyo starts effort to revive public bathhouses », Julian Ryall Tokyo, 1er octobre 2022. https://www.dw.com/en/japan-launches-campaign-to-revive-fading-public-bathhouses/a-63282747#:~:text=In%20an%20effort%20to%20protect,pop%20into%20their%20local%20bathhouse↩︎

  53. « Public baths fade from Tokyo, with nearly half gone over 15 years », Natsumi Nakai, 10 octobre 2023. https://www.asahi.com/ajw/articles/15025294#:~:text=Public%20bathhouses%20are%20swiftly%20disappearing,to%20the%20Tokyo%20metropolitan%20government↩︎

  54. « Fuel Crisis Forces Syrians to Use Public Baths », Sputnik International, 2023. https://sputnikglobe.com/20230131/fuel-crisis-forces-syrians-to-use-public-baths-1106687250.html Voir aussi : « Aleppo bathhouse boom as Syria crisis turns showers cold », Africanews, 2021. https://www.africanews.com/2021/12/30/aleppo-bathhouse-boom-as-syria-crisis-turns-showers-cold/ ↩︎

  55. « Why we need to bring back the art of communal bathing. » Jamie Mackay, Aeon Magazine, 2016. https://aeon.co/ideas/why-we-need-to-bring-back-the-art-of-communal-bathing ↩︎

  56. Cela est particulièrement vrai en Europe occidentale, où les bains publics ont fait face à une opposition si forte qu’ils ont fini par disparaître complètement de certaines régions entre le XVIe et le XIXe siècle. 23 Le déclin temporaire de ce service en Europe occidentale constitue un événement unique dans l’histoire mondiale, bien que les historiens soient en désaccord sur ses causes. Certains évoquent la pression exercée par les Églises catholique et protestante sur les étuves médiévales, qu’elles percevaient de plus en plus comme des lieux d’immoralité et de péché. 57 D’autres pointent les épidémies ou soulignent l’évolution des opinions médicales, les médecins ne considérant plus l’eau chaude et la vapeur comme saines. 23 L’opposition a commencé même avant l’apparition de la religion organisée : le philosophe romain Sénèque avait critiqué les grands bains romains dans plusieurs de ses écrits. Il se plaignait du bruit dans les thermes et les accusait d’extravagance et d’hédonisme. Voir, par exemple : Lettres à Lucilius, par Sénèque. Lettre 86. Maison de campagne et bains de Scipion l’Africain. https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_%C3%A0_Lucilius/Lettre_86↩︎

  57. Dans la Rome antique, certains établissements de bains publics autorisaient la mixité, tandis que d’autres séparaient les hommes et les femmes. La prostitution était légale, mais le fait qu’une femme prenne son bain avec d’autres hommes que son mari pouvait constituer un motif légitime de divorce. 15 Dans l’Espagne musulmane, de lourdes amendes étaient infligées aux hommes surpris à espionner par les fenêtres des bains ou infiltrant ces lieux les jours réservés aux femmes. Ces dernières risquaient de perdre tous leurs droits si elles faisaient de même. Maltraiter une femme dans un établissement de bains publics, même verbalement, était passible de la peine de mort. Voir : Powers, James F. « Frontier municipal baths and social interaction in thirteenth-century Spain. » The American Historical Review 84.3 (1979) : 649.667. Dans l’ancienne région des Pays-Bas, au Moyen Âge, les autorités distinguaient les étuves « honnêtes » des étuves « malhonnêtes ». Pour garantir la qualité des bains publics « honnêtes », elles ont aboli la baignade mixte, établi des règles pour les employées des bains publics et rendu la prostitution illégale dans ces établissements. 23 ↩︎ ↩︎

  58. Les bains publics ont sans aucun doute été un vecteur d’épidémies historiques. Des tracts médicaux déconseillaient même de s’y rendre. Malgré cela, presque tous les bains sont restés ouverts, très probablement parce qu’ils étaient considérés comme un service trop essentiel pour être supprimé. C’était du moins le cas dans les Pays-Bas médiévaux et dans l’Empire romain, voir : 23 21 ↩︎

  59. Comment rendre l’énergie de la biomasse à nouveau durable, Kris De Decker, Low-tech Magazine, septembre 2020. https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2020/09/how-to-make-biomass-energy-sustainable-again/ ↩︎

  60. En outre, l’hypocauste a été perfectionné au Moyen Âge pour devenir encore plus efficace sur le plan énergétique qu’à l’époque romaine. Voir : Les hypocaustes : le chauffage du Moyen Âge, Kris De Decker, Low-tech Magazine, mars 2017. https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2017/03/heat-storage-hypocausts-air-heating-in-the-middle-ages/ ↩︎

  61. Chauffer sa maison avec une éolienne mécanique, Kris De Decker, Low-tech Magazine, février 2019. https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2019/02/heat-your-house-with-a-mechanical-windmill/ ↩︎

  62. Par exemple, des chercheurs de l’université de Stuttgart ont conçu un système de stockage hybride qui emmagasine l’énergie solaire dans un réservoir d’eau et de vapeur sous pression. La vapeur peut être libérée à tout moment dans un sauna, tandis que l’eau est utilisée pour le chauffage. Voir : Schaefer, M., et al. « Development of a zero-energy-sauna: Simulation study of thermal energy storage. » Energy and Buildings 256 (2022) : 111659. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378778821009439. Le « Solauna » constitue un exemple parfait de l’usage des technologies sobres. Il s’agit d’un sauna alimenté uniquement par la chaleur du soleil et qui fonctionne comme un grand four solaire bien isolé. Voir : https://www.biopiscinas.pt/en/solar-sauna/. Le système « Lytefire », quant à lui, génère de la chaleur et de la vapeur grâce à des miroirs qui concentrent les rayons du soleil sur une plaque en métal ou un sac de pierres. Voir : https://lytefire.com/fr↩︎

  63. Voir : https://www.designboom.com/architecture/bao-split-bathhouse/. On peut aussi citer le cas d’un établissement de bains publics, construit en 2004 dans l’est de l’Iran, qui fonctionne grâce à deux champs de capteurs solaires (195 m² au total) et deux réservoirs de stockage thermiquement isolés (3 m³ chacun). L’installation fournit de l’eau chaude pour douze douches et quatre bains, satisfaisant ainsi les besoins en eau chaude de 150 personnes par jour. Source : Azad, E. « Design, installation and operation of a solar thermal public bath in eastern iran. » Energy for Sustainable Development 16.1 (2012) : 68-73. Des recherches sont également en cours sur l’utilisation combinée de chaudières à biomasse et de capteurs solaires thermiques dans des hammams au Maroc. Voir : Krarouch, M., et al. « Simulation of floor heating in a combined solar-biomass system integrated in a public bathhouse located in Marrakech. » IOP Conference Series : Materials Science and Engineering. Vol. 353. N° 1. IOP Publishing, 2018. Voir aussi : Mohamed, Krarouch et Haller Michel. « Design optimisation of a combined pellets and solar heating systems for water heating in a public bathhouse. » Energy Reports 6 (2020) : 1628-1635. Voir aussi : Sibley, Magda, Camilla Pezzica et Chris Tweed. « Eco-hammam: the complexity of accelerating the ecological transition of a key social heritage sector in Morocco. » Sustainability 13.17 (2021) : 9935. Voir aussi : Zbaidi, Mourad, et al. « Improving the Energy Efficiency of a Traditional Hammam by Using Two Types of Heat Exchanger. » International Journal on Engineering Applications 11.6 (2023). ↩︎

  64. Un réseau électrique alimenté à 100 % par les énergies renouvelables serait-il réellement durable ?, Kris De Decker, Low-tech Magazine, septembre 2017. https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2017/09/how-not-to-run-a-modern-society-on-solar-and-wind-power-alone/ Voir aussi : Battery Killers: Grid-Interactive Water Heaters, Kris De Decker, No Tech Magazine, mai 2015. https://www.notechmagazine.com/2015/05/battery-killers-grid-interactive-water-heaters.html ↩︎