Bien que les cuisinières modernes soient pratiques, en ce qui concerne la consommation d’énergie elles laissent beaucoup à désirer. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, l’efficacité thermique d’une plaque électrique ne dépasse pas celle d’un feu ouvert conventionnel. Dans les deux cas, près de 90% de l’énergie primaire est perdue pendant la cuisson.
La cuisson des aliments pourrait être réalisée d’une manière beaucoup plus économe en énergie, surtout si le récipient lui-même était isolé. C’est le principe de la marmite norvégienne (ou cuisinière sans feu/à isolation), une boîte bien isolée qui fait mijoter les aliments uniquement avec la chaleur contenue dans le récipient de cuisson. Une marmite norvégienne double l’efficacité de n’importe quel type d’appareil de cuisson, car elle réduit le temps sur le feu et limite les pertes de transfert de chaleur.
Au début du XXème siècle, les marmites norvégiennes étaient des ajouts courants aux cuisines occidentales, semblables au réfrigérateur ou à la cuisinière. Certains modèles ont même intégré des marmites norvégiennes aux plaques de cuisson au gaz ou électriques. Celles-ci fonctionnaient en abaissant une hotte isolée sur le récipient une fois la chaleur coupée.
Dans l’article précédent, nous avons constaté que la cuisson des aliments est un processus incroyablement inefficace. L’efficacité thermique varie de 13% pour les plaques électriques à 23% pour les plaques à gaz et de 5 à 25% pour les feux ouverts et les poêles à biomasse. Les cuisinières produisent également des niveaux considérables de pollution de l’air intérieur - en particulier dans les pays en développement mais également dans les cuisines modernes des ménages riches. Ces résultats montrent que, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, l’efficacité énergétique et les niveaux de pollution du processus de cuisson peuvent être améliorés.
Les stratégies proposées pour s’attaquer à ces problèmes diffèrent entre les pays pauvres et riches. Dans les pays pauvres, la plupart des efforts se concentrent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction de la pollution intérieure causée par les poêles à biomasse. Les poêles de masse rocket (rocket-stoves), par exemple, peuvent atteindre des rendements thermiques de 45% ou plus, avec seulement environ la moitié des émissions. Cependant, tout type de poêle à biomasse même amélioré nécessite toujours du bois comme combustible et continue de produire de la pollution atmosphérique.
Dans le monde occidental, la solution proposée est une utilisation plus répandue des meilleures technologies disponibles, telles que les cuisinières électriques à induction. Cependant, ces appareils n’obtiennent une efficacité thermique que de 15%, ce qui signifie que 85% de l’énergie générée pour la cuisson est gaspillée. En résumé, l’approche actuelle pour améliorer la durabilité des cuisinières n’est pas très ambitieuse.
Pourquoi la cuisson est-elle si inefficace?
Pour améliorer un peu plus l’efficacité de la cuisson, nous devons examiner de plus près où se produisent les pertes d’énergie les plus importantes. Pour les plaques électriques et les micro-ondes, le gaspillage d’énergie le plus important peut être attribué aux pertes de conversion d’énergie. La conversion des combustibles fossiles ou de la biomasse en électricité possède un rendement énergétique de 20 à 45% selon la centrale électrique, ce qui explique pourquoi les cuisinières électriques sont parmi les appareils de cuisson les moins efficaces.
La deuxième perte d’énergie la plus importante pour les cuisinières électriques, et la plus importante pour toutes les autres cuisinières, se produit pendant le transfert de chaleur de la plaque de cuisson aux aliments dans le récipient de cuisson. Toute la chaleur produite par le feu n’atteint pas le récipient et de la chaleur est également perdue à travers les parois et le couvercle du récipient, ainsi que par la vapeur qui s’échappe.
Le processus de cuisson est semblable au chauffage d’un bâtiment non isolé avec toutes les portes et fenêtres ouvertes
Afin d’amener de l’eau à ébullition et de laisser mijoter un plat, la cuisinière doit compenser en permanence ces pertes de transfert de chaleur. C’est semblable au chauffage d’un bâtiment non isolé avec toutes les portes et fenêtres ouvertes. Même les poêles les plus performants actuellement disponibles - les poêles de masse rocket et les réchauds à bois - n’atteignent qu’une efficacité thermique maximale de 40 à 50%.
De toute évidence, nous pouvons faire mieux. Parmi les potentielles améliorations écologiques de la cuisson, quatre technologies méritent une attention plus importante : les jupes isolantes pour casseroles, les marmites norvégiennes, les autocuiseurs et les cuiseurs solaires. Bien que chacune d’elles soit une solution en soi, ces technologies sont particulièrement avantageuses lorsqu’elles sont utilisées ensemble.
Les jupes isolantes pour casseroles
Une façon simple pour commencer à améliorer l’efficacité de la cuisson est d’utiliser une jupe isolante de casserole. Cet appareil augmente l’efficacité du transfert de chaleur entre la cuisinière et la casserole. Il fonctionne avec tout sauf les plaques électriques. Une jupe isolante de casserole est un manchon vertical, généralement en métal, qui force les gaz chauds du feu à circuler étroitement autour des côtés du récipient. Les jupes peuvent être isolées à l’extérieur, ce qui apporte l’avantage supplémentaire de diminuer les pertes de chaleur sur les côtés du récipient.
Une jupe isolante de casserole réduit également les effets de l’asymétrie du feu, ce qui peut être un problème pour la cuisson en extérieur comme en intérieur. Des expériences dans des pièces avec quasiment aucun flux d’air transversal peuvent montrer des modèles de flammes hautement asymétriques, ce qui diminue l’efficacité du transfert de chaleur. Des tests sur trois types de poêles - un feu ouvert, un poêle de masse rocket à biomasse et un poêle de masse rocket à gaz - ont montré que les jupes isolantes de casseroles peuvent améliorer l’efficacité du transfert de chaleur d’environ 10-20% pour un poêle de masse rocket et d’environ 30% pour un feu ouvert. Étant donné que les pertes par transfert de chaleur représentent la principale inefficacité de ces types de cuisinières, ce n’est pas un mauvais résultat.
Autocuiseurs
Le fameux autocuiseur (ou cocotte-minute) adopte une approche différente. Un autocuiseur est un récipient étanche qui atteint des températures d’eau plus élevées en raison de la pression de vapeur ajoutée, ce qui le rend plus économe en énergie et capable de cuire les aliments plus rapidement. Il fonctionne soit électriquement (en tant qu’appareil autonome ou sur une cuisinière électrique), soit utilisé en combinaison avec une cuisinière à gaz, à biomasse, à charbon ou solaire. L’autocuiseur réduit à la fois les pertes de conversion d’énergie (en raison des temps de cuisson plus courts) et les pertes de transfert de chaleur (car il élimine complètement les pertes de chaleur par évaporation).
Aucune étude scientifique sur l’efficacité énergétique d’un autocuiseur n’a pu être trouvée. Les fabricants annoncent généralement des économies d’énergie et de temps allant jusqu’à 70% par rapport à la cuisson dans une casserole normale. Si nous supposons que ces chiffres sont des moyennes correctes (ce qui est probablement trop optimiste), alors l’efficacité thermique des cuisinières commence à sembler plus prometteuse.
Si un autocuiseur est utilisé sur une cuisinière électrique, le processus de cuisson atteindrait une efficacité thermique de 22%, ce qui le rapproche d’un feu ouvert bien entretenu. La combinaison d’un poêle à gaz avec un autocuiseur atteindrait une efficacité thermique de 39%, tandis que la combinaison d’un feu ouvert bien entretenu avec un autocuiseur permettrait d’obtenir une efficacité thermique de 40%. Le meilleur résultat est obtenu grâce à la combinaison de l’autocuiseur et du poêle de masse rocket, qui est efficace à 62%. 1
Marmites norvégiennes
Bien que nous puissions voir de nettes améliorations avec l’autocuiseur, ces récipients perdent encore de la chaleur à travers les parois et le couvercle, et ces pertes sont considérables. Il y a également des pertes de transfert de chaleur entre la cuisinière et le récipient si celui-ci est placé sur une plaque de cuisson. Cependant, si nous portons les aliments à ébullition et que nous mettons ensuite rapidement le récipient dans une boîte bien isolée, les pertes d’énergie de transfert de chaleur peuvent être minimisées à un point tel que le processus de cuisson se poursuit, sans autre apport d’énergie.
C’est le principe de la “marmite norvégienne” ou “cuisinière sans feu”, qu’on peut décrire comme le concept de maison passive appliqué à la cuisson. Une maison passive est un bâtiment bien isolé qui nécessite peu d’énergie pour le chauffage des locaux ou le refroidissement.
La marmite norvégienne correspond au concept de maison passive appliqué à la cuisson
La marmite norvégienne est la clé d’une cuisine efficace dans les pays pauvres comme dans les pays riches. Elle élimine presque complètement les pertes de transfert de chaleur et réduit considérablement le temps de cuisson sur le feu ou la plaque de cuisson, ce qui permet de réduire les deux plus grandes pertes d’énergie du processus de cuisson. Les marmites norvégiennes peuvent réduire la consommation d’énergie de plus de 80%, mais le potentiel d’économie précis dépend de nombreux facteurs. Ces facteurs comprennent le matériau isolant, la conception de la marmite norvégienne, le temps de cuisson requis du plat, la nourriture elle-même et la rapidité avec laquelle le récipient de cuisson est déplacé du poêle vers la marmite norvégienne.
Le Partenariat pour un Air Intérieur Pur (“Partnership for Clean Indoor Air” - PCIA) a mesuré les économies d’énergie des marmites norvégiennes. Dans leur test de 18 types de cuisinières à combustibles solides, les économies d’énergie de la marmite norvégienne équivalent à une réduction moyenne de 50% du combustible, chiffre que nous utiliserons dans cet article.
Si nous combinons une cuisinière électrique avec une marmite norvégienne, nous pouvons doubler son efficacité thermique. Combinées, elles atteignent 26%, ce qui n’est pas encore très impressionnant, mais atteint au moins une efficacité énergétique plus élevée qu’une cuisinière à gaz seule. Une cuisinière à gaz utilisée conjointement avec une marmite norvégienne obtient une efficacité thermique de 46%, tandis qu’un feu bien entretenu avec une marmite norvégienne atteint 50%. Une combinaison d’un poêle de masse rocket avec une marmite norvégienne est efficace à plus de 80%. 1
Ces chiffres peuvent être encore améliorés si nous combinons la marmite norvégienne avec l’autocuiseur. Si nous utilisons un autocuiseur pour porter les aliments à ébullition, puis mettons l’autocuiseur dans un marmite norvégienne, nous pouvons cuire avec une efficacité de 40% à 90%, selon le type de cuisinière utilisé. Cela se compare à un maximum de 23% pour nos cuisinières occidentales et de 40% - ou tout au plus 50% - pour les poêles à biomasse améliorés.
Dans sa forme la plus simple, la marmite norvégienne est un récipient en bois, en métal ou en plastique rempli de paille, de vieux vêtements, de polystyrène, de papier ou de tout autre matériau isolant. Il peut même s’agir d’une marmite enveloppée dans un sac de couchage. Habituellement, 5 à 10 cm d’isolation sont appliqués sur tous les côtés, la couche supérieure se présentant souvent sous la forme d’un matelas à échelle réduite ou d’un oreiller facile à manipuler. Une technique plus rentable pour réduire la consommation d’énergie est difficilement imaginable.
Les marmites norvégiennes dans l’Histoire
Dans certaines parties du monde, le concept de marmite norvégienne est connu depuis des siècles. Au Moyen ge, les Européens utilisaient des “boîtes à foin” et des trous dans le sol remplis de paille. Les Indiens d’Amérique ont adopté une approche légèrement différente pour limiter les pertes par transfert de chaleur en enfermant la source de chaleur (pierres chauffées par le feu ou boules d’argile) dans le récipient de cuisson. Certains groupes d’Indiens d’Amérique ont utilisé des “paniers de cuisson” à cette fin : des paniers étanches tissés serrés, qui pouvaient être recouverts d’argile pour l’isolation. D’autres utilisaient des pierres pour faire bouillir la soupe et le ragoût dans un trou qu’ils creusaient dans le sol, bordé de peau d’animal.
La marmite norvégienne est devenue populaire dans le monde occidental entre les années 1890 et les années 1930. Un “appareil d’auto-cuisson” norvégien a reçu un prix lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris. C’était un récipient simple mais élégant avec quatre couches de feutre pour l’isolation.
Au cours des premières décennies du XXème siècle, la marmite norvégienne est devenue un accessoire permanent de nombreux ménages américains et européens
Initialement, la marmite norvégienne était principalement utilisée pour rendre la nourriture plus portable pour des personnes en déplacement comme les pêcheurs, les chasseurs et les soldats. Les tramways d’Amsterdam en possédaient à bord pour le conducteur. Cependant, au cours des premières décennies du XXème siècle, la marmite norvégienne est également devenue un accessoire permanent de nombreux ménages américains et européens, un appareil qu’on retrouvait souvent à côté du poêle.
Les meilleurs modèles étaient entièrement fabriqués en métal doublé d’une isolation en laine de roche, et gardaient le récipient et le matériau isolant séparés pour un nettoyage plus facile et une construction plus durable. Ces appareils étaient également utilisés pour le refroidissement.
Une autre innovation du début du XXème siècle a été la cuisinière à gaz sans feu : une combinaison de cuisinière à gaz, de four à gaz et de cuisinière sans feu. Cet appareil évitait la nécessité de déplacer les récipients de cuisson de la plaque de cuisson à la marmite norvégienne en utilisant des hottes isolantes - des «thermodômes» - qui pouvaient être abaissées sur les brûleurs. La nourriture était portée à ébullition, le gaz était coupé, puis le récipient était recouvert par le thermodôme. Ce réceptacle inversé était relevé et abaissé à l’aide d’un contrepoids.
Fait intéressant, le capot était partiellement abaissé pendant que le gaz brûlait. Ainsi l’intérieur se réchauffait grâce à la chaleur qui autrement s’échapperait, garantissant qu’une grande quantité de chaleur serait disponible pour la cuisson après la coupure du gaz. Les versions ultérieures fonctionnaient de manière entièrement automatique, coupant le gaz et abaissant le capot à une heure prédéfinie.
Une autre tentative de fusionner des marmites norvégiennes avec des cuisinières a été le “deep well cooker” (“cuisinière à puits”) (également connue sous le nom de “cuisinière économe”). Les vieux fourneaux, à gaz ou électriques, avaient parfois un de leurs brûleurs enfoncé dans la plaque de cuisson. Ce «puits» avait des côtés fortement isolés et renfermait un récipient spécialement conçu avec un couvercle isolé et aucune poignée sur les côtés.
Avec certains modèles, les brûleurs pouvaient doubler en surface. Bien qu’elles ne soient pas vraiment des cuisinières sans feu - la casserole était à feu doux - les “cuisinières à puits” réduisaient considérablement les pertes de transfert de chaleur.
Marmites norvégiennes améliorées
L’utilisation de cuisinières à rétention de chaleur a diminué dans les années 1930, puis a refait surface pendant la Seconde Guerre mondiale et les crises pétrolières des années 1970. Aujourd’hui, la marmite norvégienne est principalement instaurée dans les pays en développement. Les ONG qui ont introduit la technologie sont - entre autres - Practical Action, HELPS International et Solar Cookers International. Les conceptions faites pour les pays en développement sont différentes, des paniers isolants de Solar Cookers International au Wonderbag isolé en polystyrène ou [ONIL](http://pciaonline.org /files/RHC%20Guide%20English.pdf).
Bien que les marmites norvégiennes puissent être fabriquées à moindre coût avec des ressources naturelles et disponibles localement, elles pourraient tout aussi bien être produites en masse à l’aide de matériaux plus sophistiqués. Bien que cela rende la production moins durable, le plastique a rendu les marmites norvégiennes plus pratiques et des matériaux avec une isolation supérieure ont encore amélioré leurs performances.
Le cuiseur thermos est une version compacte et high-tech d’une marmite norvégienne
Une innovation importante sur le marché occidental est le dit “cuiseur thermos” (ou “cuiseur thermique”) qui est apparu dans les années 1990. Cet appareil est basé sur le concept du vide : le même principe utilisé dans une bouteille isotherme (thermos). Le cuiseur thermos est composée d’une marmite amovible, avec poignée et couvercle, qui s’insère à l’intérieur d’un boîtier thermos d’un diamètre allant de 20 à 50 cm. La marmite est chauffée sur la cuisinière (quel que soit le type), puis déplacée et scellée dans le boîtier. Trouvez un exemple ici.
Dans un récipient isotherme ou un cuiseur thermos, l’espace entre les doubles parois d’un cylindre est complètement vide. Avec quasiment aucune molécule de gaz disponible, le transfert de chaleur par conduction et convection est presque impossible et de ce fait la conductivité thermique est extrêmement faible. L’épaisseur de l’isolation est d’environ un septième de celle de la laine de roche et un tiers de celle des mousses isolantes pétrochimiques pour une résistance thermique similaire.
Le résultat est une marmite norvégienne beaucoup plus compacte, qui pourrait facilement faire partie de n’importe quelle cuisine occidentale en tant qu’appareil standard intégré à côté de la cuisinière. Des cuiseurs thermos plus petits pourraient être utilisées pour pouvoir prendre des aliments chauds à emporter. L’isolation sous vide est également disponible sous la forme de panneaux isolants, que vous pouvez utiliser pour construire vous-même une marmite norvégienne compacte super-isolée. (Mais bien que la production à domicile soit possible, il faudra s’adapter aux tailles disponibles - en effet il n’est pas possible de couper les panneaux car cela détruirait le vide).
Trop souvent, les marmites norvégiennes sont vues comme un dispositif d’urgence destiné aux campeurs, aux réfugiés ou aux survivants. Cependant, un appareil relativement simple qui peut doubler l’efficacité de n’importe quel type de cuisinière que vous avez à votre disposition mérite plus de crédibilité que cela. La marmite norvégienne devrait être un élément courant dans chaque cuisine. Outre son potentiel d’économie d’énergie, son utilisation dans le monde occidental encouragerait également son acceptation dans les pays en développement.
Gain de temps
Au début du XXème siècle, le gain de temps était le principal argument de vente des marmites norvégiennes. Cela semble étrange car le temps de cuisson moyen double par rapport au processus de cuisson traditionnel. Les marmites norvégiennes accordent toutefois plus de temps au cuisinier(e) en réduisant la quantité qu’il ou elle passe devant le poêle ou le feu.
Une fois que le récipient a été transféré dans la marmite norvégienne, cela ne nécessite plus d’attention et le cuisinier est libre de faire autre chose, même à l’extérieur de la maison. Il est impossible que la nourriture déborde et il n’y a aucun risque d’incendie à surveiller. De plus, un plat peut rester chaud jusqu’à 6 heures ou plus, de sorte que la durée du processus de cuisson devient plus flexible.
Une marmite norvégienne augmente également la capacité d’une cuisinière, qu’elle fonctionne à l’électricité, au gaz, au charbon, au bois ou à l’énergie solaire. Vous pouvez mettre un nouveau plat sur le feu pendant que l’autre mijote dans la marmite norvégienne. Avec chaque marmite norvégienne que vous ajoutez, la capacité du poêle augmente encore.
Cuiseurs solaires + marmites norvégiennes
Cette fonctionnalité est particulièrement intéressante en combinaison avec un cuiseur solaire. Une marmite norvégienne augmente la capacité d’un cuiseur solaire, mais elle vous permet également de cuisiner s’il n’y a pas beaucoup de soleil disponible. Lorsqu’une marmite norvégienne est utilisée pour terminer le processus de cuisson, un cuiseur solaire ne nécessite plus qu’une demi-heure de soleil pour cuisiner un dîner.
Les marmites norvégiennes agissent essentiellement comme des batteries, stockant l’énergie dans les aliments chauds. Ils augmentent considérablement l’utilité des cuiseurs solaires, ce qui les rend appropriés même par temps nuageux et dans les pays où il y a moins de soleil. De plus, la combinaison d’un cuiseur solaire et d’une marmite norvégienne vous permet de préparer un repas qui peut être servi des heures après le coucher du soleil.
En comparaison avec tous les autres appareils de cuisson, le cuiseur solaire est le poêle le plus durable. Il ne nécessite aucun carburant et ne produit aucune pollution atmosphérique. Même si les poêles à gaz ou à combustibles solides pouvaient atteindre une efficacité thermique de 100%, ils nécessiteraient toujours des ressources comme le bois ou le charbon et continueraient de produire de la pollution atmosphérique. Le cuiseur solaire est le seul appareil de cuisson qui ne rencontre pas ces problèmes.
La marmite norvégienne augmente considérablement l’utilité d’une cuisinière solaire
Il existe de nombreux modèles de cuiseurs solaires. Le modèle le plus simple est le cuiseur solaire type boîte, qui n’est pas beaucoup plus qu’une boîte isolée avec une plaque de verre sur le dessus. Le verre laisse entrer le rayonnement solaire, réchauffant l’intérieur, tandis que les murs isolés diminuent les pertes de chaleur. Il n’y a pas beaucoup de différence entre un cuiseur solaire type boîte et une marmite norvégienne, et les deux appareils pourraient être fusionnés en un seul modèle. Les cuiseurs solaires type boîte peuvent également fonctionner dans des conditions nuageuses car ils sont capables d’exploiter le rayonnement diffus.
Les cuiseurs solaires paraboliques ont une conception plus complexe et intègrent des miroirs incurvés pour concentrer le rayonnement solaire sur un point focal. Ils fonctionnent plus rapidement, produisent des températures plus élevées et ont la capacité de faire frire, rôtir et faire griller les aliments. Ils sont cependant plus difficiles à construire, ils nécessitent une orientation fréquente vers le soleil, ils peuvent être dangereux et ils ne fonctionnent que par temps clair. Les cuiseurs à panneaux - tels que le CooKit - incorporent des éléments à la fois des cuiseurs à boîte et paraboliques.
Le cuiseur solaire n’est pas le seul moyen de profiter de l’énergie solaire pour cuisiner. Les fours électriques ou micro-ondes fonctionnant à l’électricité à partir de panneaux solaires photovoltaïques peuvent également être considérés comme des fours solaires. Cependant, la conversion de l’énergie solaire en électricité pour la convertir en chaleur afin de faire bouillir l’eau est inutilement complexe, inefficace sur le plan énergétique et très coûteuse par rapport à l’exploitation directe de la chaleur solaire en utilisant un cuiseur solaire.
Cuisson solaire intérieure
Tout comme les poêles à biomasse améliorés et les marmites norvégiennes, les cuiseurs solaires sont principalement promus dans les pays en développement comme une alternative à l’utilisation des feux ouverts. Cette technologie est distribuée par quelques 500 organisations, entreprises et particuliers réunis au sein du Solar Cookers World Network (“Réseau international des cuiseurs solaires”). La promotion des cuiseurs solaires à panneaux et en boîte vise principalement les ménages et les réfugiés, tandis que les cuisinières paraboliques plus sophistiquées sont généralement réservées à la cuisson à grande échelle dans les institutions.
La promotion des cuiseurs solaires dans les pays en développement a produit une technologie améliorée qui peut être utile partout dans le monde. Par exemple, il est désormais possible de cuisiner à l’intérieur en utilisant l’énergie solaire. Cela peut se produire de deux manières : soit en concentrant un cuiseur parabolique à travers une ouverture murale puis en réfléchissant la lumière du soleil sur une casserole, ou en utilisant la lumière du soleil concentrée pour générer de la vapeur qui est ensuite transportée par des tuyaux vers l’intérieur de la cuisine à proximité.
Les deux approches ont été démontrées dans les Scheffler Community Kitchens (“cuisines communautaires de Scheffler”) en Inde. Ces installations de cuisson sont appliquées à très grande échelle, par exemple au Temple Shirdi où un déjeuner solaire est servi à plus de 50 000 personnes par jour. Néanmoins, l’utilisation de l’énergie solaire à l’intérieur peut également se produire à une échelle beaucoup plus petite, comme le montre le système illustré ci-dessus.
Les cuiseurs solaires utilisés dans les pays en développement ne sont généralement pas les appareils les plus efficaces. Les améliorer avec des matériaux plus sophistiqués augmente considérablement leur utilisation
Bien qu’il s’agisse d’un équipement remarquable et hautement durable, la plupart des cuiseurs solaires utilisés dans les pays en développement ne sont pas les plus efficaces. Comme le note Appropedia, les cuiseurs solaires sont des “concentrateurs solaires où la précision et l’efficacité ont été sacrifiées pour faciliter la construction et l’utilisation de matériaux facilement disponibles”.
Les performances de ces cuiseurs pourraient être améliorées si nous les construisions de manière plus sophistiquée. Par exemple, l’utilisation d’un verre à vitrage à faible émissivité rend un cuiseur solaire beaucoup plus efficace, car la plupart de la chaleur qui s’échappe de la boîte passe à travers le verre. Solar Cookers International note que le développement actuel de modèles plus efficaces contribue à améliorer l’utilisation des cuiseurs solaires dans des latitudes plus élevées.
Rendre la cuisson durable : la “cuisson intégrée”
La combinaison de cuisinières avec des cuiseurs solaires, des marmites norvégiennes et des autocuiseurs transforme un processus de cuisson inefficace en un système durable toute l’année qui réduit considérablement les émissions de gaz à effet de serre, la consommation de carburant et la pollution de l’air. Cela vaut pour les pays pauvres comme pour les pays riches, quel que soit le type de cuisinière utilisé.
De plus en plus, les ONG parient sur une combinaison de cuiseurs solaires, de marmites norvégiennes et de poêles à biomasse améliorés, une approche connue sous le nom de «cuisson intégrée». [2] Dans la “cuisson intégrée”, les cuiseurs solaires sont utilisés dans la mesure du possible, tandis que le poêle à biomasse amélioré offre une solution lorsque l’énergie solaire n’est pas disponible. La marmite norvégienne est utilisée en combinaison avec les deux, ce qui augmente la capacité du système de cuisson et maximise l’efficacité énergétique. Pour un exemple, voir cette vidéo.
Un système similaire dans le monde occidental pourrait même utiliser des cuisinières électriques ou à gaz au lieu de poêles à biomasse améliorés. Étant donné que l’utilisation de marmites norvégiennes, d’autocuiseurs et de cuiseurs solaires raccourcit considérablement l’utilisation de cuisinières électriques ou à gaz, leur faible efficacité devient moins préoccupante. Si la consommation d’énergie des cuisinières à gaz et électriques est considérablement réduite, il devient également plus réaliste de fournir cette plus petite quantité d’énergie par des sources renouvelables, telles que l’énergie éolienne.
De plus en plus, les ONG parient sur une combinaison de cuiseurs solaires, de marmites norvégiennes et de poêles à biomasse améliorés
Les cuiseurs solaires et les marmites norvégiennes sont de bons exemples du type de technologie que nous visons ici avec le Low-tech Magazine. Ils peuvent être bon marché et faciles à fabriquer, ils sont vraiment durables et pourtant ils sont supérieurs à n’importe quelle technologie de cuisson disponible à l’époque préindustrielle. L’utilisation extensive de l’énergie hydraulique et l’énergie éolienne dans l’histoire semble suggérer que la cuisson solaire remonte à plusieurs siècles, mais ce n’est pas le cas. Les premiers cuiseurs solaires expérimentaux ne sont apparus qu’au XVIIIème siècle, et les cuiseurs paraboliques ne sont apparus qu’à la fin du XIXème siècle.
Les cuiseurs solaires et les marmites norvégiennes peuvent avoir une image très low-tech, mais ils s’intègrent bien aux matériaux high-tech. Avant la révolution industrielle, nous n’avions ni étain ni papier d’aluminium, ni technologie sous vide, ni récipients en plastique, ni verre à isolation thermique. Cuisiner avec des marmites norvégiennes, des autocuiseurs et des cuiseurs solaires n’est pas un retour aux bricoles désormais impraticables ou disparus du passé. Il s’agit plutôt d’une approche innovante qui optimise les connaissances et les technologies existantes dans le but d’une efficacité énergétique radicale.
Merci à tous les lecteurs qui m’ont invité à écrire sur les marmites norvégiennes.